Stop! Vos papiers s’il-vous-plait!

Publié le par Sylvie

Kashgar – Aksu … 25/07 – 30/07

 

Nous quittons Kashgar après une semaine de repos. Le détour qui nous permet d’éviter l’autoroute sur 300 km fait une boucle par le sud. Nous pédalons 100 km de plus mais ca vaut le coup. La route traverse de petits villages de maisons en terre. Nous sommes surpris de voir le nombre de champs cultivés. Des canaux distribuent l’eau et alimentent des champs de melons, de tournesols et autres légumes. Des peupliers bordent de loin en loin la route nous apportant une fraîcheur bienvenue. La plupart du temps malheureusement, les arbres sont jeunes et il faut se tenir vraiment en-dessous pour avoir un peu d’ombre. Le soleil tape bien sûr, nous dégoulinons dès 9 h du matin, il va falloir se lever tôt pour grappiller quelques heures à la fraîche. Nous nous arrêtons à l’ombre pour nous étirer et boire quand un homme s’approche, un bol à la main. Ici, peu de chance que ce soit du koumis. Ce sont des abricots au sirop ! Probablement faits maison, les abricots poussent comme des champignons dans cette région. Nous le remercions et il nous fait signe de venir nous reposer chez lui. Nous n’avons fait que 30 km depuis Kashgar, il est vraiment trop tôt pour s’arrêter. Nous regretterons plusieurs jours d’avoir décliné son offre, tellement de gentillesse émanait de lui. Sa femme et son fils attendaient sur le bord de la route, devant leur maison. Nous avons certainement manqué une belle rencontre. Nous attendons 14 h pour nous poser. Tout le pays est à l’heure de Beijing officiellement mais les Ouighours et d’autres personnes affichent l’heure solaire, c’est-à-dire, 2 h de moins (aussi l’heure de l’Asie Centrale). Le Pakistanais chez qui nous déjeunions à Kashgar affichait l’heure ouighour. Le jour où nous avons débarqué à 13h00 heure Beijing, il nous a demandé si on voulait un petit déjeuner ! Ce jour-là, nous trouvons un petit resto calme avant un gros village et nous posons plus de deux heures, le temps que les rayons du soleil se calment un peu. Nous passons deux check-points de police, il y a toujours une barrière donc nous sommes forcés de nous arrêter. Les policiers doivent voir très peu d’étrangers parce que nous sommes obligés de leur expliquer le visa ! A chaque fois, nous sommes l’attraction, des attroupements se forment ce qui est un peu fatiguant. D’autant plus que, pour une raison inconnue, tout les gens disent ‘America, America !’, l’air très sûr d’eux. Enfin, il n’y a pas que les Américains qui voyagent à vélo ! La majorité des cyclistes que nous avons croisés depuis le départ était Français d’ailleurs ! En fin d’après-midi, nous tentons notre chance auprès d’une famille ouighoure dans un tout petit village. En Asie Centrale, c’était tellement facile. Il suffisait de demander à quelqu’un où nous pouvions planter la tente et il nous ouvrait sa porte. En Ouzbékistan, nous étions accueillis dans les maisons tandis qu’au Khirghistan, les gens nous laissaient planter la tente dans leur jardin. Les deux formules nous convenaient, le but étant de rencontrer des gens du pays et d’échanger avec eux. Ici, la famille finit par comprendre et accepter. Ils nous proposent même une chambre pour nous tous seuls alors que visiblement, il y a deux ou trois familles avec des enfants et ils n’ont probablement que deux chambres. Mais ensuite, chacun retourne à ses occupations et ne s’occupe plus de nous. Même quand nous ne parlons pas la langue, nous réussissons à communiquer et les gens sont toujours désireux d’en savoir plus sur notre voyage et la France, quelle que soit leur condition sociale. Nous nous perdons en conjectures et finissons par aller nous reposer dans la chambre. Un peu plus tard, une des femmes nous amène du pain et du thé pour le dîner puis tout le monde va se coucher. A 1 h du matin, gros coups sur la porte, la police est là ! Deux policiers ouighours et quelques hommes. Ici les policiers semblent être toujours suivis d’une clique, comme si les gens voulaient se faire bien voir. Un des policiers nous prend en photo sans nous demander notre avis, on apprécie très peu le flash violent au saut du lit. L’autre appelle sa sœur qui parle anglais pour qu’elle traduise. Ils se demandent pourquoi deux étrangers ont demandé à dormir chez une famille ouighoure… évidemment, on aurait dû se douter que ce n’était pas une bonne idée. Le gouvernement et la police sont sur les dents depuis les événements d’Urumqi (le ‘5 juillet’ comme ils disent). Nous leur montrons passeports et visas puis ils demandent à voir nos photos. Nous effaçons discrètement les photos des camions militaires de Kashgar et rien ne leur semble suspicieux. Ils ne remarquent même pas la troupe de soldats dans le fond sur la photo où Ben pose devant la mosquée. Quand Ben demande la raison de toutes ces vérifications, la fille lui répond : ‘C’est pour votre sécurité’. Ah oui, bien sûr. C’est vrai que le gouvernement se soucie énormément de la sécurité des étrangers… pas du tout du fait qu’ils peuvent tomber sur des informations dérangeantes. Nous nous recouchons en nous promettant de ne plus demander l’hospitalité. Nous sommes gênés d’avoir dérangé cette famille et furieux d’avoir été réveillés en pleine nuit. Les deux policiers ont été corrects et nous ont remercié mais quand même. La famille a dû parler en allant faire les courses au village et quelqu’un a eu la bonne idée de les dénoncer. Quel pays.

Nous partons très tôt le lendemain, 6h heure solaire. Lors d’une de nos pauses, une femme sur un scooter s’arrête et nous tend une pastèque ! De quoi nous réconcilier avec le Xinjiang. Elle nous fait signe d’attendre cinq minutes et disparaît. Elle est bientôt de retour avec deux gros melons. Mon Dieu, où va-t-on mettre tout ça ? Elle refuse de reprendre un melon, faisant signe ‘J’en ai plein’ et repart. Nous sommes confondus devant tant de gentillesse. On empile melons et pastèque sur les porte-bagages, au moins 10 kg de plus, et on repart. Nous passons quelques stations de pompage, un jet puissant sort d’un tuyau et alimente les canaux d’irrigation. Nous déjeunons dans un gros village. Tous ces villages sont habités par des Ouighours donc forcément la nourriture est… ouighoure. Nous nous résignons à manger des laghmans pendant encore quelque temps. Ici, les pâtes sont servies séparément du mélange viande et légumes et froides car c’est l’été. On manque d’attraper un torticolis en essayant de manger tout en surveillant les vélos. Il s’en trouve toujours un pour changer les vitesses et parfois monter sur le vélo ce qu’on apprécie peu, la béquille force sur le cadre. Ben se veut rassurant : ‘Ne t’inquiète pas, d’ici 10 min ils se fatigueront de toucher et regarder les vélos’. Le problème des attroupements c’est qu’ils attirent les gens. Au bout de 20 min, Ben finit par perdre patience et pousser un coup de g… Tout le monde répète en rigolant, de vrais gamins. Du coup, nous faisons la pause ‘heures chaudes’ à la sortie du village, le long du canal, sous des arbres. Des gamins se baignent dans l’eau terreuse en poussant de grands cris. Nous sommes à moitié cachés mais pas assez. Un scooter passe, fait demi-tour, repasse devant nous puis repart en sens inverse. Un curieux. Une demi-heure plus tard, en pleine sieste, un policier débarque avec notre curieux. Pas honteux pour deux sous, il tient nos passeports pendant que le policier note les informations. On devrait sans doute le remercier de s’être soucié de notre ‘sécurité’. Les policiers sont toujours très sympas, style ‘je suis désolé, je fais juste mon boulot’. Ils se feraient sans doute taper sur les doigts si leur chef découvrait que deux étrangers étaient passés et qu’ils n’avaient rien noté dans leur petit calepin. Nous les remercions toujours d’un ‘Rakmat’, le merci ouighour (aussi ouzbèk, kirghize, kazakh…) et ils apprécient visiblement qu’on ne leur sorte pas ‘Chichié’ (‘merci’ en chinois). Le ouighour, comme les autres langues d’Asie Centrale, a ses racines dans la langue turque. Si on avait su, on aurait appris le turc avant notre départ. Nous aurions pu voyager sans difficulté d’Istanbul à Turfan en passant par Samarcande et Bishkek. Le Tadjikistan est l’exception, le tadjik est d’origine persane. Deux heures plus tard, alors que nous venons de décider de pédaler jusqu’à Bachu, 175 km depuis notre départ ce matin, re-belote. Un policier à moto patiente pendant que nous nous étirons et buvons un thé glacé puis il nous suit. On sait ce qui nous attend : ‘Arrêtez-vous et montrez vos passeports’ dès qu’on est en face du poste de police. Pffff, là franchement ce n’est plus drôle, ils n’ont qu’à se passer les informations enfin ! Il nous reste encore 40 km à faire, si on se fait arrêter à chaque changement de district, il va nous falloir combien de temps ? Ben tend le passeport de Sylvie pendant qu’elle surveille les vélos qui périraient étouffés par la foule s’ils étaient vivants. ‘Mais ce n’est pas toi !’ s’exclame le policier. Ben lève mentalement les yeux au ciel et lui tend son passeport. Nous arrivons à Bachu à 10 h du soir, fatigués mais contents. Nous avons battu notre record d’Ouzbékistan (150 km), 174 km et 9 h de temps de pédalage ! L’hôtel est tenu par deux vieux Chinois tout ridés et très sympas. Ils commencent par virer sans ménagement les curieux. Ah, on va être bien ici ! Dès qu’on a réussi à leur faire comprendre qu’on voulait mettre les vélos dans la chambre, nos difficultés s’aplanissent, ils transportent tous les bagages à l’étage avec Ben pendant que Sylvie se fait draguer par les militaires dans la cour. Il n’y a pas qu’à Kashgar et Urumqi que l’armée est déployée. Régulièrement des convois passent sur les routes, des troupes et, souvent, des camions de matériel. Ce soir, c’est un convoi de camions-citernes qui est garé dans la cour. Nous célébrons notre record dans un petit resto ouighour à côté de l’hôtel, oh chance, ils ont du plov (riz, viande et légumes frits). Bachu est une ville du désert, rationnée en eau. L’eau est disponible suivant un planning d’heures très précis (qui suit en fait les heures des repas) qu’une jeune Chinoise tente de nous expliquer dans un anglais hésitant. Elle confond d’ailleurs 22 h et 23 h. Flûte, donc il n’y a plus d’eau jusqu’à demain matin, argh pas de douche ! Voilà pourquoi il y a un seau plein d’eau dans la salle de bains. Finalement la fille de l’étage nous amène un autre seau et deux thermos d’eau chaude. Eau trouble, ville du désert eh oui… Dire qu’en Europe les gens boivent de l’eau en bouteille parce que l’eau du robinet ‘n’est pas assez bonne’ (malgré toutes les analyses qui sont faites ?). Ici l’eau du robinet sort trouble. A chaque reprise, il faut attendre une demi-heure pour qu’elle soit ‘moins’ trouble. Ça ne nous empêche pas de la filtrer et de la boire. Encore une aberration. Partout où nous passons, nous ne trouvons que des bouteilles d’eau de 500 ml. Pas moyen de trouver des bouteilles de 1.5 L sauf dans quelques supermarchés dans les grandes villes. Tout ce plastique qui part dans la nature nous fait mal au cœur donc nous filtrons quand nous pouvons. Pas la peine de se voiler la face, les bouteilles d’eau génèrent aussi beaucoup de pollution en Europe (c’était la minute ‘changement climatique’ :o).

Le lendemain matin, le réveil sonne à 5h30. ‘Dis donc, en fait on a deux jours d’avance sur le plan que j’avais fait’. Ben a planifié jour par jour pour être sûr d’atteindre Turfan avant l’expiration de notre visa. Mais avec deux jours d’avance et d’autres potentiels … on mérite bien un jour de repos. Nous nous réveillons à 11 h du matin ! Nous passons toute la journée au frais, quel bonheur la climatisation ! Nous ne ressortons qu’à la nuit tombée, comme les animaux du désert, pour un laghman et une glace.

Le lendemain, nous pédalons 20 km vers le nord, la chaîne de montagnes qui longe le désert du Taklamakan se rapproche petit à petit. Nous tournons à droite et nous voilà sur l’autoroute. C’est une deux voies avec un bas-côté goudronné, juste assez de place pour pédaler. Le paysage est comme certains cyclistes nous avaient décrit, ‘un lavage de cerveau’. A gauche, la chaîne montagneuse des Tian Shan nous sauve de l’ennui, les couleurs des montagnes changent avec les heures. A droite, c’est un désert rocailleux, terreux, sans aucun intérêt. Avec une grosse louche de soleil brûlant, voilà le cocktail parfait pour faire de la distance… vite, vite, échapper à cette monotonie ennuyeuse. Nous pique-niquons sous un gigantesque panneau publicitaire triangulaire. Tous les quarts d’heure nous nous déplaçons avec l’ombre des panneaux. Nous dégustons un melon en dessert. Eh oui, nous avons liquidé tous les melons à Bachu mais quelqu’un nous en a redonné un ce matin ! Le vent se lève, ‘Pourvu qu’on n’ait pas une tempête de sable’ s’inquiète Ben. Krista nous a prévenu : ‘Tu vois un truc bizarre à l’horizon et avant que tu aies pu réaliser, pouf, ça siffle, ça hurle, tu as du sable dans les yeux, les oreilles, la bouche…’. ‘Ouh là là mais ce n’est pas bon du tout pour les vélos ça, ça va abîmer la chaîne et plein d’autres trucs’ dit Ben. ‘Oui, c’est vrai que pour nous c’est pas mal, exfoliation instantanée’ rigole Sylvie. C’est vrai quoi, pourquoi il n’y en toujours QUE pour les vélos ? Ce ne sont que des machines après tout. Mais c’est vrai, qui veut voyager loin ménage sa monture. Les vélos commencent à montrer quelques signes de faiblesse mais ils tiennent quand même très bien pour 12.000 km. Des tourbillons de sable se lèvent au loin, comme de mini-tornades mais heureusement pas de nuage de sable. Le panneau publicitaire vibre de façon inquiétante, on écourte notre pause. Pas de chance, il y avait un hameau 10 km plus loin ! Trois maisons, deux restos et un petit magasin… un village à la Lucky Luke comme on dit : ‘une banque à dévaliser, un saloon pour célébrer et une prison pour réfléchir’. Le propriétaire du petit magasin nous accueille gentiment quand il voit nos mines ruisselantes. C’est un petit vieux dont le passe-temps principal consiste à chasser les mouches avec une tapette en plastique. Il nous installe sur deux tabourets avec nos thés glacés et nous fait signe de rester aussi longtemps qu’on veut. Puis il sort chasser les curieux. On n’a fait que 10 km depuis la pause déjeuner mais le vent de face et le soleil nous déshydratent rapidement. En repartant, nous réussissons à éviter le check point de police, ahaha, petite satisfaction de la journée. Nous jetons un œil à un hôtel dans un des villages que nous traversons mais Ben revient en disant ‘bon, c’est sûr on dormira dans nos draps’. Beurk. Comme en plus le propriétaire s’est assis sur le vélo malgré l’interdiction énergique de Sylvie, on repart. A une station service, un routier nous confirme qu’il y a un hôtel dans la prochaine ville à 40 km de là. Le vent de face souffle de plus en plus fort mais nous tentons le coup quand même. Camper au milieu du désert n’est pas facile, à part si on se met sous un pont mais pour le moment il n’y en a pas. Et nous ne nous sentons pas le courage de demander l’hospitalité. Avec un hôtel, on a une douche et on peut dormir au frais. Le soleil se couche et le vent souffle de plus en plus fort. Ben arrête un petit camion, on charge vélos et bagages et en route, il ne reste que 20 km. Mais arrivés au village, le chauffeur nous fait ‘Binguan yok’. Pas d’hôtel… Flûte. Pendant qu’il continue, nous débattons. S’arrêter ici reviendrait à camper à découvert. Et bientôt il fait nuit noire, encore moins question de s’arrêter. Nous nous résignons donc à faire les 100 km jusqu’à Aksu comme le chauffeur nous a gentiment proposé. En plus, il ne comprendrait sûrement pas pourquoi nous voulons être déposés sur le bord de la route en pleine nuit ! 20 km avant Aksu, la route devient épouvantable. C’est comme s’ils avaient tout cassé pour mieux reconstruire. Ce ne sont que trous et bosses et une poussière suffocante. Ben se retourne sans arrêt pour les vélos et gémit à chaque cahot : ‘Aie, les vélos !’. Le chauffeur s’arrête très gentiment dès qu’il peut et descend aider Ben à caler les vélos. Comme si ça ne suffisait pas, l’orage se lève et des trombes d’eau se déversent. Super, comme ça, la poussière sera bien collée aux sacoches et aux vélos. A Aksu, le chauffeur nous fait signe de lui faire confiance et part au bout de la ville. ‘Mais où nous emmène-t-il ? J’espère que ce n’est pas un coupe-gorge son hôtel !’ se demande Ben. Effectivement, la ville est plongée dans le noir et on a dépassé depuis longtemps la station de bus et l’hôtel indiqué par le guide. Nous arrivons devant le Friendship hôtel, un superbe hôtel. Le chauffeur fait un signe et un doigt sous la gorge … apparemment, l’autre hôtel n’était pas très bon. Il refuse l’argent que nous lui proposons et repart. Quelle générosité !

Nous passons deux jours à Aksu. La plus jeune des réceptionnistes parle anglais ce qui nous facilite la tâche. Elle nous écrit quelques plats en chinois. Sinon nous en sommes réduits à commander au hasard, trop risqué ! Le guidon de Ben est très dur à tourner. En le démontant, il constate que les roulements à bille sont rongés par la rouille. A chaque fois que nous prenons l’avion, nous démontons le guidon, pas très bon pour l’étanchéité. Un jeune Chinois que nous croisons dans la rue nous accompagne à un très bon magasin de vélo et reste avec nous tout le temps de la réparation. Il dit qu’il est autodidacte mais son anglais est courant ! Quant au réparateur, il sait de quoi il parle. Il n’a pas la bonne taille de roulements et finit par remettre les billes noyées dans de la graisse sans les cages. La meilleure solution temporaire. Notre interprète refuse notre invitation à déjeuner, dommage. Il craint peut-être que l’on pense qu’il attend quelque chose en retour. Nous fêtons la réparation au MacDo local, humoristiquement nommé ‘Best food’. Un hamburger épicé et des frites croustillantes, c’est ce qu’il y a de plus approchant de la cuisine de notre maman, oups ! Et un sundae arrosé de sauce au chocolat…

Publié dans Chine

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