Au pays Inca

Publié le par Sylvie

Lima – Machu Picchu (Cusco) - Lima … 27/10 – 20/11

Nous retrouvons les parents de Sylvie à l’aéroport de Lima à 2h du matin. Nous sommes heureux de nous retrouver après 1 an et demi. Notre hôtel est dans une grande maison ancienne sur une place relativement bruyante mais après 30h de voyage, personne ne se plaint. Le lendemain, nous rencontrons Marieke, une amie d’Olga… la même Olga qui nous a fait connaître Manabu et surtout ses parents et sa grand-mère qui ont été si gentils avec nous lors de notre passage à Nagoya (Japon). Marieke est tombée amoureuse du Pérou et a décidé de s’y installer. Elle combine des travaux de traductrice et de prof de français et habite un appartement coloré dans le quartier de Barranco. Elle habite avec deux grands chats magnifiques et Ben ne voit bientôt plus qu’eux… Sylvie commence à avoir l’habitude… du moment que son novio la délaisse pour des chats ou des chiens mignons !! Marieke garde gentiment une bonne partie des affaires que nos parents nous ont amené : pneus et chambres à air neufs, diverses huiles hydratantes ou bonnes pour les muscles, plaques de chocolat… par contre on emmène les trois saucissons que nos Mamans nous ont envoyé !

Lima est relativement bruyante et sale et à part quelques églises et bâtiments autour de la place d’Armes, il n’y a pas grand-chose d’intéressant. Barranco nous plait beaucoup plus avec ses maisons colorées, son ambiance de village et surtout le restaurant de fruits de mer près du bord de mer. Nous nous régalons d’énormes assiettes de calamar frit, ceviche (poisson cru mariné), poulpe à l’encre et à l’huile d’olive. Malheureusement, ce sont des plats de bord de mer et durant notre séjour, nous mangerons surtout du poulet et des frites. Ou poulet-riz… et aussi alpaca-frites et alpaca-riz!

Le lendemain soir, nous prenons un bus de nuit pour Arequipa. Anne a eu des problèmes avec l’altitude en Chine il y a quelques années donc on doit faire attention et monter progressivement. Et nous faisons bien car nous passons trois jours à Arequipa le temps qu’elle s’acclimate. Arequipa nous plait beaucoup plus que Lima avec ses rues pavées en pente et ses maisons de style colonial. Mais notre séjour est vite gâché. Le premier jour nous déjeunons dans une petite cantine populaire près de la guesthouse (menu à 0.50 euros !) et Anne se fait voler son sac à dos avec appareil photo et permis de conduire. Pourtant nous sommes assis tous les quatre autour d’une table, face-à-face, et le sac est à ses pieds. Les voleurs sont très très forts ici. La cantine est pleine et personne n’a rien vu… ou ne veut rien dire. Nous passons l’après-midi à la police touristique, très sympa et professionnelle. Quelqu’un vient avec nous au restaurant et reconstitue ce qui s’est passé puis demande à quelques personnes d’identifier l’éventuel voleur avec des photos. En quelques heures, nous voyons passer cinq victimes au commissariat avec toujours la même histoire.

Une fois le choc et la colère passée, nous partons visiter le couvent de Santa Catalina. C’est comme un petit village avec des rues, des cellules pour les religieuses, des cours arborées, un lavoir en plein air, un réfectoire, une église. La plupart des cellules avaient une cuisine aux murs encore noircis de suie. Le couvent est charmant avec rues fleuries et ses murs bleus vifs et rouges mais on ne peut s’empêcher de frissonner en pensant aux journées d’hiver que les religieuses passaient dans leurs chambrettes aux murs et au sol de pierres. Nous finissons l’après-midi sur la Plaza de Armas, la Place d’Armes. C’est la place principale et toutes les villes, de Lima au plus petit village en ont une. Celle d’Arequipa est très agréable avec la cathédrale et les rues à arcades tout autour. Les gens s’y retrouvent en fin de journée, quand il fait plus près, mangent une glace, donnent des graines aux pigeons…

Nous quittons Arequipa en bus de nuit à nouveau. Les bus péruviens sont très confortables, pour autant qu’on choisisse une compagnie réputée comme Cruz del Sur ou Cromotex. Cette fois-ci, nous sommes en VIP, au rez-de-chaussée. Il n’y a que neuf sièges, très larges et qui s’inclinent très en arrière. Le dîner est inclus… oui, poulet ou bœuf avec du riz ! Cette fois, c’est au tour de Philippe d’être malade. Ben et lui ont pris un ceviche, apparemment pas une sage décision si loin de la mer. Le lendemain matin, nous arrivons à Cusco et reprenons immédiatement un bus pour Pisac à une heure de là, toujours pour monter progressivement en altitude.

Pisac est un charmant petit village, connu pour ses ruines et son mercado del domingo. Justement, aujourd’hui c’est dimanche ! Nous en profitons pour acheter quelques souvenirs : poncho douillet en laine d’alpaca, chapeau de feutre, tissus colorés… Le marché s’étale sur la place principale et jusque dans les ruelles pavées autour. Les femmes sont toutes en habit traditionnel, comme partout au Pérou quand on sort des grandes villes : chapeau de feutre posé sur deux longues nattes noires, large jupe par-dessus plusieurs jupons et bébé ou marchandises dans un grand baluchon multicolore. L’après-midi, nous montons en taxi aux ruines. Les terrasses aux murs de pierre ont été restaurées et s’étendent sur des dizaines de mètres de hauteur. Le fait que des hommes aient pu transformer une pente abrupte et aride en un espace cultivé est très impressionnant. Les ruines incluent un temple, des maisons et des greniers aux murs de pisé et aux toits de chaume. Nous y passons plusieurs heures, fascinés par la vue plongeante sur la vallée et le village de Pisac. Les effets de l’altitude se font un peu sentir mais rien de sévère à déplorer. Des gens nous ont parlé de maux de tête, saignements de nez, nausées… Tous les quatre, nous avons juste le souffle un peu court et les tempes qui battent. Nous dinons dans une polleria, littéralement une pouletterie. On nous y sert un demi-poulet avec une énorme portion de frites et une salade. Encore une fois, nous aurions dû commander une assiette pour deux. Non seulement la nourriture n’est pas chère mais en plus les portions sont pantagruéliques… changement radical après le Japon. Ben reprend du poids à vue d’œil et Sylvie essaie de se limiter. Elle a retrouvé avec délice le dulce de leche, une sorte de confiture de lait qui devient vite son nouveau péché mignon.

Le lendemain, est-ce à cause des sauces de la polleria ? C’est au tour de Ben d’être malade. C’est une vraie épidémie ces jours-ci. Quatre allers-retours aux toilettes en une heure, ca devient inquiétant. La dame de la guesthouse nous voyant inquiets nous propose des herbes en tisane. Ce qu’on pensait être des herbes folles dans le jardin sont en fait des herbes médicinales. Certaines sont bonnes pour les maux de ventre, d’autres pour les maux de tête, le stress… C’est efficace parce qu’au bout d’une heure, Ben tient debout et surtout, réussit à faire le trajet d’une heure en bus jusqu’à Cusco.

La gare de bus ne paie pas de mine, une petite cour en terre entourée de bâtiments délabrés et très mal fréquentée. Nous sommes devenus paranoïaques après le vol d’Arequipa. Deux femmes et une petite fille se rapprochent de nos sacs. Elles sont bien habillées mais on ne sait jamais. Il y a aussi deux hommes vraiment louches, casquette baissée sur les yeux, de l’autre côté. Nous déménageons dans l’escalier d’un hôtel. Les parents de Sylvie gardent les bagages pendant que nous partons appeler la guesthouse. Pas de téléphone public mais, encore plus pratique, une jeune fille de Claro (un opérateur téléphonique) est sur le trottoir d’en face. Une cabine téléphonique mobile, c’est encore mieux! Nous sommes soulagés de voir arriver notre hôtesse un quart d’heure plus tard. La pauvre a fait plusieurs gares de bus avant de trouver la bonne, les bus de Pisac peuvent arriver à trois endroits différents. Home Sweet Home est une petite guesthouse avec seulement cinq chambres, très agréable après la guesthouse animée et bruyante d’Arequipa. La jeune fille qui s’en occupe est très sympa et nous pratiquons notre espagnol, un peu rouillé après dix ans. Cusco est bâtie au fond d’une vallée et s’étend sur les collines alentour. Nous sommes sur une de ces collines, dans le quartier San Blas avec une vue magnifique sur les toits en tuile de Cusco et les montagnes alentour. Cusco ressemble à Arequipa en plus grand : maisons coloniales avec balcon, arcades, place d’Armes… nous aimons tout particulièrement la succession de plazas dans le centre, reliées par de petites rues pavées. Un peu déçus par contre quant à l’architecture. Les Incas ont régné 300 ans sur le Pérou (et le Chili) et leur période de gloire n’a en réalité durée que 100 ans… avant que les Espagnols n’envahissent l’Amérique du Sud… pardon, la découvrent !

Les Conquistadors ont malheureusement presque tout détruit sur leur passage, que ce soit les militaires ou les religieux qui s’appropriaient les temples, les détruisaient et construisaient des églises à la place. Témoin le temple du Soleil qui a dû être impressionnant tant par la taille que par la richesse, ses murs étaient couverts de feuilles d’or. Aujourd’hui, il ne reste que les soubassements aux énormes pierres encastrées à la perfection les unes dans les autres. Le reste a été transformé en église par les religieux espagnols. Nous déplorons tous les jours de voir plus d’architecture espagnole qu’Inca. Certains sites comme le Machu Picchu ou les terrasses de Pisac ou de Moray ont été restaurés avec beaucoup de délicatesse ce qui nous fait sentir encore plus amèrement l’étendue des désastres.

Nous visitons quelques sites autour de Cusco en une journée avec un taxi. Les terrasses de Moray, de forme circulaire sont en cours de restauration. Ces amphithéâtres d’herbe et de pierre descendent sur plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Personne ne sait exactement pourquoi les terrasses ont été construites en cercles mais il semble que c’était une zone pour essayer de nouvelles cultures avant de les transplanter ailleurs. Les Salinas, en pleine campagne, ont été construites il y a plusieurs centaines d’années et sont toujours en activité, exploitées par plusieurs familles. Etagées en terrasses, leurs damiers blancs nous éblouissent dans le soleil de midi. Les salines sont divisées en petits rectangles qui communiquent par des canaux qu’on peut ouvrir et fermer à volonté. Nous supposons que les rectangles sont remplis d’eau puis laissés à sécher afin de récolter le sel. Une source démarre plus haut, traverse la montagne dont le centre est composé de cristaux de sel et arrive salée aux salines.

Nous visitons ensuite el Valle Sagrado, la Vallée Sacrée des Incas. Le site le plus impressionnant est Saqsaywaman, un joli nom pour un superbe site aux murs de pierres en zig-zag. La précision avec laquelle ces blocs de pierre plus hauts qu’un homme s’encastrent sans mortier aux jointures mérite le respect. Ah, de nos jours, on ne sait plus travailler ! Et c’est un peu vrai quand on compare la structure originale avec les efforts de réparation.

Le lendemain nous partons pour Ollantaytambo. Un nom bien long et compliqué pour un si petit village. L’endroit est connu pour ses ruines étagées en terrasses sur les flancs d’une vallée. Mais surtout, c’est d’ici que nous prenons le train pour Aguas Calientes (‘Eaux chaudes’, il y a des sources chaudes), le village au pied du Machu Picchu.

C’est toute une histoire pour un petit voyage de rien du tout…. Au Pérou, la vie n’est vraiment pas chère, les auberges sont tout à fait abordables, une douzaine d’euros pour une chambre double à peu près correcte et un repas coûte un euro. Nous en sommes d’autant plus écœurés quand le gouvernement nous fait payer 30 euros l’entrée au Machu Picchu, 20 euros le train d’une heure et demie pour y monter… Si les visites coûtaient moins cher, nous pourrions acheter un peu plus d’artisanat et nous offrir les services d’un guide de temps en temps.

Nous nous levons tôt, très tôt, vers 4h du matin pour descendre à la gare prendre le train pour Aguas Calientes. Un bus nous emmène ensuite en haut de la montagne. Il n’est pas encore 7h du matin et les montagnes alentour, les vallées, sont enveloppées d’une brume cotonneuse. Flûte, on espère que ça va se dégager ! Nous passons la maison du gardien, un abri en pierre ou le pauvre devait se geler par un temps pareil. Le pont de l’Inca, à un quart d’heure de marche, nous déçoit un peu, c’est juste une planche en bois. L’endroit est par contre à couper le souffle : des falaises verticales sur laquelle se détachent des lambeaux de brume et cette petite planche de bois toute mince à flanc de montagne sur laquelle les Incas circulaient… ils ne devaient pas avoir le vertige pour vivre dans des endroits aussi vertigineux. Quand nous revenons, la brume se dégage et le Machu Picchu se découvre petit à petit sous nos yeux. Nous avons tous vus certains sites des dizaines de fois en photos, le Taj Mahal, la tour Eiffel, les pyramides d’Egypte… et le Machu Picchu. Les voir aussi souvent en photo pourrait ruiner la surprise… Mais il se passe la même chose que lorsque nous avons vu le Taj Mahal en vrai… Nous sommes émerveillés. Le site est grandiose, un village aux maisons et aux temples de pierre bâti sur ce qui doit être le seul endroit plat de la région. A moins que les Incas n’aient carrément aplani une montagne pour pouvoir y construire le Machu Picchu. De tous côtés des montagnes aux pans verticaux encadrent le site… La Vallée secrète comme nous en rêvons tous. Nous imaginons l’état d’esprit des premiers Européens quand ils sont arrivés ici au début du XXè siècle. A l’époque, une famille utilisait les terrasses pour ses cultures. Quand les archéologues ont réalisé l’importance du site, des équipes se sont employées à défricher et à reconstruire pour nous offrir cette merveille. Nous nous y promenons toute la journée. Il y a beaucoup de monde mais c’est tellement grand qu’on ne se sent pas tellement gêné par la foule. C’est l’avantage des sites Incas. Ils sont tellement grandioses qu’on s’y sent tout petits. Nous laissons les parents de Sylvie se dorer au soleil (qui commence à taper) et montons au Wayna Picchu, le pain de sucre qui domine le site. Nous réalisons alors comme ces montagnes sont réellement verticales. Les escaliers ressemblent à des échelles tellement les marches sont verticales et nous croisons plusieurs personnes qui descendent à tous petits pas… des victimes du vertige. D’en haut, nous avons une vue imprenable non seulement sur le Machu Picchu et la disposition des bâtiments mais aussi les vallées alentour, la rivière qui coule tout en bas… et les lacets poussiéreux qu’il va falloir redescendre à pied tout à l’heure. Nous retrouvons les parents en bas et dévorons pain et fromage tout en chassant les moustiques. Ce sont des maringouins en fait, ou nonos, ou sandflies comme en Nouvelle Zélande… des insectes si petits qu’on n’arrive même pas à les écraser. Eux par contre nous mordent au sang et nous allons en garder les traces pendant longtemps. Le plus touché est Philippe qui nous annonce dépité : ‘J’ai 50 piqûres !’. Heureusement super Maman/Anne ne sort jamais sans son argile et Philippe se transforme en petit homme vert pour une semaine… Nous photographions quelques lamas qui se promènent entre les ruines comme s’ils étaient chez eux. Nous sommes un peu déçus de ne pas les voir cracher un jet de salive comme sur le capitaine Haddock ! Nous redescendons à Aguas Calientes par le chemin de l’Inca (enfin c’est ce qu’on nous dit), un sentier qui passe à travers la forêt. Heureusement parce que la route principale ne nous tentait pas beaucoup avec la poussière soulevée par les bus de touristes. Retour le soir même par le train à Ollantaytambo. Nous visitons les ruines le lendemain matin et retournons en bus à Cusco.

Nous devons prendre le bus pour Puno en milieu de journée mais Ben est à nouveau en pleine crise digestive. Nous hésitons à aller voir un médecin puis nous décidons pour la pharmacie au coin de la rue. Bien nous en prend, la pharmacienne lui fait décrire les symptômes et décrète : ‘C’est la giardia, prend ça et d’ici quelques heures, tu iras mieux’. Ben est soulagé, il était arrivé à la même conclusion et effectivement, il se sent mieux assez rapidement. Bizarrement, les symptômes ne réapparaissent que quand il boit de la bière !

La route de Cusco à Puno est à la fois un régal pour les yeux et une torture pour nos petits cœurs de cyclistes. Devoir parcourir une route si belle, à l’arrière d’un bus à côté des toilettes qui empestent au lieu de la faire comme des princes sur nos fiers destriers, le vent nous sifflant aux oreilles… ah, la vie est dure ! Surtout que nous croisons des cyclistes à deux reprises… Les parents doivent nous retenir de sauter par la fenêtre pour les rejoindre. La route donc, passe par des paysages arides et montagneux, ponctués de lacs bleu foncé sous un ciel bleu que de petits nuages blancs parcourent comme des moutons fraichement lavés. Un bref arrêt à Juliaca à quelques dizaines de km de Puno nous écœure : comment peut-on habiter une ville où les maisons sont des blocs de brique aux murs pas crépis et aux toits en tôle ? Aux rues pleines poussière, sans arbres ? Nous nous demandons encore comment une telle ville peut exister après avoir admiré Arequipa et Cusco. Puno heureusement est un peu plus agréable surtout notre hôtel, très confortable ce qui nous change après les guesthouses bruyantes et de propreté moyenne. Et en plus, il y a TV5 en français !

Nous prenons le bateau le lendemain matin sur le lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde. Autre record, c’est le lac le plus grand d’Amérique du Sud, en longueur (204 km de long par 65 km de large). Arrêt aux îles Uros, les fameuses îles de roseaux. C’est un peu le Disneyland du lac. Les gens n’habitent sur ces îles qu’à cause des touristes qui les maintiennent en vie en payant un droit d’entrée et en achetant des souvenirs… Très déconcertant et même si l’ensemble est assez extraordinaire (ce n’est pas tous les jours qu’on marche sur des roseaux posés sur l’eau), nous sommes soulagés de repartir. Une île de roseau commence par les racines, des blocs de racine sont assemblés puis recouverts de couches croisées de roseaux. L’ensemble est ancré au fond. Comme nous dit un des locaux : ‘On n’a pas de passeport, il ne faudrait pas qu’on se retrouve en Bolivie !’. Les couches de roseaux sont renouvelées tous les quinze jours. Quant aux cabanes, elles sont si légères que quatre hommes suffisent à les soulever pour renouveler la couche de roseaux en-dessous. Après environ 3h de traversée, juste comme nous commencions à nous ennuyer sur le bateau, nous arrivons à l’île d’Amantani, une vraie île avec des vraies pierres… Nous sommes accueillis par des femmes en habit traditionnels colorés et sommes répartis par le capitaine entre les familles, un peu comme lors d’un échange scolaire ! Nous tombons dans la famille du capitaine justement, en compagnie de deux jeunes voyageuses suisses sympathiques. Soit dit en passant, c’est incroyable le nombre de Suisses que nous rencontrons en voyage ! La fille de la famille nous emmène à travers un dédale de ruelles puis par un sentier qui se glisse entre les champs délimités par des murets de pierres sèches. Le village n’est pas grand mais nous serions bien incapables de retrouver notre chemin. La jeune fille le sait et nous attend au pied de la colline pendant que nous admirons le coucher du soleil au sommet. Tous les points de vue sont magnifiques et Sylvie s’essouffle à courir autour du sommet pour prendre les meilleures photos au ciel orangé… On est à 3800m quand même! Nous redescendons la colline en courant, le froid pince et nous comprenons pourquoi les femmes se promènent toutes dans d’épaisses capes de laine noire. Un roboratif dîner de soupe de pommes de terre et légumes cuit au feu de bois nous réchauffe. Les maisons sont rustiques sur l’île, des murs de pierre, de petites fenêtres pour se protéger du froid. La cuisine est équipée d’un réchaud au gaz mais la mère préfère cuisiner dans une toute petite pièce à côté sur un poêle à bois. Une petite fête est organisée le soir, quelques enfants jouent de la guitare et de la flûte de Pan mais nous sommes trop fatigués pour y rester plus qu’une demi-heure.

Le lendemain matin, le bateau s’arrête à l’île de Taquile sur le chemin du retour. Décevant car très touristique même si l’île et le village sont agréables. Le fait de devoir payer un droit d’entrée n’aide pas. Le retour sur Puno se fait sous un magnifique ciel bleu strié de filaments nuageux qui dessinent d’extraordinaires formes, comme des peintures abstraites. Sur le port de Puno, nous nous régalons une fois de plus de truite grillée et pommes de terre de toutes sortes. Le Pérou est le pays de la pomme de terre, il y en a environ 4.000 variétés ! Des petites noires, des roses et allongées, des grosses blanches… inimaginable en France ou nous ne connaissons que quelques variétés. Les filles craquent encore pour quelques souvenirs au marché du port. Il y a de quoi être tenté avec tous ces tissus colorés.

Nous reprenons le bus pour Arequipa et le jour d’après, direction, le Canyon del Colca, deux fois plus profond que le Grand Canyon des Etats-Unis. Nous ne savons pas comment ‘ils’ ont calculé ça mais nous répétons néanmoins ce qu’on nous a dit… La marche que nous entreprenons sur deux jours n’est pas de tout repos mais l’effort en vaut la peine. Nous quittons le petit village de Cabanaconde en début de matinée et entamons la descente, environ 1.000m de dénivelé… heureusement que nous ne descendons pas tout au fond, le canyon fait environ 4.000m. Les parois du canyon sont raides mais des sentiers courent à flanc de montagne permettant aux habitants de relier les différents villages. Le canyon est très aride, beaucoup de pierres, beaucoup de poussière et des cactus hérissés d’épines agressives. En bas, nous déjeunons à San Juan, un petit village de l’autre côté de la rivière. En bas, grâce à l’eau et aux systèmes d’irrigation, la végétation est luxuriante… nous passons d’un désert à une jungle galopante sans transition. Après un bon déjeuner, nous reprenons notre marche, plus facile que la descente glissante dans les cailloux ce matin. Le sentier longe une des parois du canyon et traverse deux minuscules villages, nullement affectés par le tourisme. Ça fait du bien de croiser des gens sans qu’ils ne se jettent sur nous pour nous vendre des pantoufles ou des sacs à dos en laine d’alpaca ! Nous terminons à Sangalle, une oasis entièrement dédiée au tourisme mais néanmoins très agréable, des palmiers, beaucoup de fleurs de toutes les couleurs et des piscines ! Plusieurs familles se partagent l’oasis, offrant des bungalows de qualité très variable allant du simple matelas sur quelques pieux au-dessus d’un sol en sable au lit sur un sol de pierres scellées. Malgré la fatigue, nous persévérons et le dernier ‘resort’ (si l’on peut dire !) est le bon. Tout le monde n’aura pas le courage de prendre une douche froide au fond du jardin (Ben, si !) mais nous apprécions tous le coucher du soleil qui pare le jardin et les parois du canyon de chaudes couleurs jaune-orangé.

La remontée le lendemain nous prend 4 à 5h, un peu plus que la moyenne mais tout le monde n’est pas non plus capable de remonter 1.000m de dénivelé sous un soleil brûlant et nous sommes très fiers de nous arrivés en haut. Il faut le dire, beaucoup de gens ne se fatiguent pas à remonter à pied comme en témoignent les mules sellées qui nous croisent en redescendant. Nous admirons la sûreté de leurs petits pieds, comment font ces chevaux, ces mules, et surtout les petits ânes lourdement chargés pour ne pas glisser ?

Nous nous reposons une journée à Cabanaconde avant d’entreprendre les 6h éprouvantes de voyage de retour en bus sur Arequipa. Cabanaconde est tout au bout du trajet de bus et les locaux empruntent le bus pour se faire déposer dans un autre village ou même au milieu de nulle part pour aller travailler aux champs. Les femmes en habits multicolores et chapeau brodé et les hommes, la hache sur l’épaule, encombrent l’allée. Nous trouvons le voyage très inconfortable mais eux ne semblent pas gênés, bavardant et riant, debout alors que nous sommes assis ! Ben est à nouveau pris d’une crise, une drôle de crise, forte fièvre et douleur dans les muscles… l’effet du sac à dos chargé de bouteilles d’eau qu’il a porté la veille ? Décidément rien ne vaut le vélo pour garder la santé !

D’Arequipa, nous reprenons le bus de nuit pour Lima et retrouvons Marieke chez elle à Barranco. Le lendemain, c’est la fin de nos vacances avec nos parents. Quatre semaines sont vite passées mais nous avons amassé suffisamment de souvenirs et de bons moments pour quelques mois. Nous saluons les parents de Sylvie au taxi, leur vol est en milieu d’après-midi et le nôtre, pas avant minuit. Un grand merci pour ces quatre semaines passées ensemble, nous avons été super heureux de vous revoir !

Publié dans Perou

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